En janvier 2001, le Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne recevait le chorégraphe Alain Buffard en accueil studio à l’occasion de sa dernière création intitulée Dispositifs 3.1. Cette œuvre chorégraphique pour trois danseuses et un danseur engageait un questionnement critique sur les possibilités et les processus de transformation du corps et du sujet. Du corps stratifié et multiple au jeu sur la désidentité, l’œuvre d’Alain Buffard s’engage davantage dans les marges et les passages de la chorégraphie à la performance et aux arts visuels. Suite à cet accueil studio, le centre d’art contemporain La Criée est désireux d’engager un partenariat avec le CCNRB afin de proposer une manifestation originale autour de ce travail sur la confusion subversive des genres.
Cet événement, intitulé
Campy, Vampy, Tacky, réunira :
• une exposition de photographies, vidéos et installations à La Criée : Charles Atlas, Leigh Bowery, Brice Dellsperger, Takashi Ito, Michel Journiac, Sarah Lucas, Ugo Rondinone, Francesco Vezzoli.
• deux performances musicales de Terre Thaemlitz au Club L’Espace et à La Criée.
• trois pièces chorégraphiques d’Alain Buffard au CCNRB
• deux après-midi de projection de films de Jack Smith, Charles Atlas et Brice Dellsperger au CCNRB.
• une performance culinaire au CCNRB de Sabine Prokhoris, psychanalyste auteur de l’ouvrage
Le Sexe Prescrit, la différence sexuelle en question, avec la participation de Matthieu Doze et Simon Hecquet.
Le
Camp est un terme anglo-saxon, difficilement traduisible en français, qui désigne les notions et les pratiques de travestissement - l’autre terme utilisé est celui de
Drag. Il serait pourtant erroné de réduire le
Camp au simple travestissement d’un homme en femme ou d’une femme en homme. A moins de considérer que le travestissement ne devienne
Camp lorsqu’il acquiert une dimension subversive dans sa capacité à exacerber et à détourner les signes vestimentaires, gestuels, cosmétiques et érotiques qui déterminent le féminin et le masculin. Le
Camp joue sur l’exacerbation de ces données, les poussant délibérément jusqu’à l’absurde, voire au vulgaire. Aux idéaux de la féminité ou de la masculinité, le
Camp répond bien souvent par le grotesque, le bas corporel, le mauvais goût. En clair, le
Camp dénaturalise tout ce qui s’affirme comme naturel dans la personnalité, la corporéité et la sexualité d’un sujet. En opérant à la surface du corps par le déplacement des codes apparents de socialisation, le
Camp retourne contre elles-mêmes les procédures normatives de la sexualité, déterritorialisant le sexuel de la sexualité, le genre de l’orientation hétéro ou homosexuelle.