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<b>Comment l’exposition </b><b><i>The sun is my only ally</i></b><b> transpose les objets du quotidien dans une nouvelle réalité ?</b>
Vouloir fuir la réalité et vivre dans un monde imaginaire n’est pas un rêve qui date d’aujourd’hui.
Dès le début du XXe siècle, les artistes surréalistes cherchaient à tout prix à fuir les visions horrifiques de la guerre, se réfugiant alors dans leur désir inconscient de liberté, leur imagination et leurs rêves. Face à l’histoire similaire du Liban, son pays natal, l’artiste contemporain Charbel Joseph H.Boutros nous propose de requestionner notre rapport au réel dans son exposition <i>The sun is my only ally</i>. Comme l'exposait Magritte avec “Ceci est une pipe”, l’exposition implique une relation entre un objet (ou plusieurs), son identification et sa représentation dans une réalité. Mais laquelle ?
<em>Que croire ? Et à quoi se référer ? À ce que l’on voit ou au sens que l’on y met ? </em>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone wp-image-21071 size-medium" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-300x217.jpg" alt="" width="300" height="217" /></a>
<em>René Magritte, Ceci n'est pas une pipe, 1929</em></h6>
<b>Sens donné et utilité figée
</b>Les objets que l’on côtoie au quotidien, les plus insignifiants à première vue, sont présentés dans cette exposition comme de vraies œuvres d’art. De la chemise au verre d’eau, Boutros se la joue à la Duchamp en remettant l’art conceptuel des objets ready-made au goût du jour. Par la simple intervention de l’artiste, l’objet du quotidien est détourné en une oeuvre à admirer.
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21072" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-228x300.jpg" alt="" width="228" height="300" /></a>
Duchamp, ready-made, 1917</h6>
Face à ces objets aux abords familiers, notre première réaction est d’y transposer notre vécu, nos souvenirs et l’usage que l’on en fait au quotidien. Boutros, lui, propose à travers l’exposition de ses objets personnels une allégorie du temps qui passe, notamment à travers son œuvre "<i>Three Abstractions on Three Histories"</i>, qui met en scène trois chemises, apparemment similaires mais dont le temps a su y laisser une trace.
En les suspendant, l’artiste les rend inatteignables, importables et leur confère un statut d'œuvre d’art. Néanmoins, il y apporte du sens en évoquant un lien intergénérationnel entre chacune des chemises dont la couleur se dégrade petit à petit. C’est en cela qu’il se démarque de Duchamp.
<h6 style="text-align: left"><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone wp-image-21084" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-1024x754.jpg" alt="" width="500" height="368" /></a>
Three Abstractions on Three Histories</h6>
Face à Boutros qui expose ces objets de voyage à l’usage unique et passé comme des oeuvres figées, Katerina Kamprani propose à travers sa collection "The Uncomfortable" des objets du quotidien créés délibérément pour être des objets inconvenants, inconfortables et inutilisables, dans le but d’interroger leur usage et de déconstruire la conception fondamentale des objets les plus simples.
Ces objets et ceux de l’exposition ont pour but commun de nous faire apprécier la complexité et la profondeur des interactions que l’on peut avoir avec chaque chose qui nous entourent.
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21075" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017-300x200.jpg" alt="" width="300" height="200" /></a>
Katerina Kampani, the unconfortable collection, 2017</h6>
<b>Un exercice d’expérience</b>
Maintenant que les objets du quotidien sont replacés dans le contexte de cette exposition contemporaine, le spectateur est invité à y laisser vagabonder son imagination et sa créativité. Charbel Joseph H. Boutros n’empêche pas cette errance et le fait de voir en l’objet un tout autre sens, car chacun vit à l’origine sa propre expérience, sa propre réalité.
Ainsi, en passant le seuil de la Criée, le visiteur endosse un nouveau statut qui est déconnecté de son quotidien et lui permet de s’ouvrir à d’autres perceptions plus oniriques, fictives et abstraites du réel.
Quelques éléments continuent cependant à le rattacher à la réalité, comme l’oeuvre "<i>Amitié"</i> qui est une paire de chaussures Stan Smith posée au sol par l’artiste près de l’entrée du musée, comme si elles venaient d’être portées puis enlevées. Ce modèle de basket iconique par sa forme et son design fait partie de notre décor quotidien, néanmoins il existe bien plus que l’esthétique autour de cet objet. En effet, l’artiste y a posé une intention et un attachement particulier. Elles portent le poids de son passé et celui de son ami, donnée imperceptible à l'œil nu. L'objet acquiert ainsi une charge émotionnelle, une valeur invisible et incarne une œuvre d’art unique, une histoire.
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone wp-image-21085 size-medium" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-300x218.jpg" alt="" width="300" height="218" /></a>
Amitié</h6>
L’idée conceptuelle matérialisée par l’objet est plus forte que l’objet exposé lui-même. Support de sens, les œuvres questionnent notre regard sceptique sur chaque élément. Face à "<i>Untouched Marble",</i> un jugement potentiel s’opère par l’idée pure et simple que se fait le spectateur: pourquoi un cube de marbre est-il posé sur un support à l’avant d’un vélo ?
Le véhicule à deux roues, contraint par ce bloc lourd qui n’a apparemment jamais été touché par un homme, accompagne l’artiste dans ses gestes quotidiens. Mais sa présence inhabituelle sur le vélo perturbe la compréhension de l'œuvre. Les deux objets non liés par leur sens si ce n’est par leur ancrage initial dans le monde réel deviennent, lorsqu’ils sont combinés ensemble, un seul et même élément significatif qui semble tout droit sorti d’un jeu de cadavre exquis.
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21086" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-300x205.jpg" alt="" width="300" height="205" /></a>
Untouchable Marble</h6>
Aux premiers coups d’oeil, on ne s’imagine pas autant de complexité face à l’observation portée vers des objets aussi simples et communs qu’une paire de chaussures, un verre d’eau ou encore un lit. Alors, pour comprendre le sens de ces œuvres, faut-il vraiment se référer à ce que l’on voit ? Ou ne serait-ce pas mieux de faire plutôt confiance à ce que l’on ressent ?
<b>La ou les réalités : Peut-on croire à ce que l’on voit ?
</b><i>Définition du réel : Qui existe véritablement</i><i>
</i><i>Définition de la réalité : Aspect physique des choses.</i><i>
</i><i> Manifestation concrète, contenu (d’un processus, d’un événement)</i>
<b></b>Il est donc évident que l’exposition interroge notre rapport au quotidien, au réel. Elle nous invite à voyager et à imaginer l’histoire de l’artiste à travers des objets manifestes, relatifs à son histoire, son vécu et des éléments qui renvoient à ses relations (intimes, professionnelles, filiales), son travail et ses propres voyages réels ou même imaginaires. Avec la volonté de créer des objets mémoriels, l’artiste interroge les possibilités de figer des souvenirs, des moments de son passé pour pouvoir les conserver et en garder une trace.<b></b>
Dans "Night Cartography #3", de la cire provenant de bougie votive est versée sur un masque de nuit d’avion, utilisé par l’artiste pour dormir plusieurs mois. La cire de bougie est un matériau récurrent et symbolique du temps figé dans lequel l’artiste plonge de nombreux objets de la vie courante. Provenant d’un lieu religieux, cette cire confère aux objets enduits une nouvelle charge invisible porteuse de souhaits, ainsi que des rêves, émotions et souvenirs de Boutros.
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21087" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-300x217.jpg" alt="" width="300" height="217" /></a>
Night Cartography #3</h6>
Mais la cire de nature fragile est contrainte à être coulée à nouveau sur les objets à chaque déplacement de l’exposition. Cette restauration régulière transitoire expose l’enveloppe des objets pendant un instant puis les remet dans un état figé, second et endormi lorsqu’ils sont recouverts. Devenus des archives du sommeil et de la nuit, ces objets s’ancrent petit à petit dans le domaine du rêve, considéré par l’artiste comme un matériau invisible qui permet un moment d’évasion dans une autre réalité.
Une ou plusieurs réalités semblent finalement se dégager de l’exposition : celle de la réalité quotidienne de tout le monde, celle à laquelle on se confronte face aux objets de l’exposition et celle de Boutros qui en découle. Cette dernière est la plus intrigante car elle nécessite de comprendre la volonté, la démarche et le sens donné derrière chaque objet pour connaître les détails de la vie de l’artiste. Les objets d’une temporalité passée, recontextualisés dans une autre réalité qui n’est pas celle d'origine et dans laquelle ils sont inutilisables, deviennent des objets oniriques, presque sacrés par leur matériau et la manière d’être exposés.
<b>Peut-on croire à ce que l’on voit ?
</b>En contemplant l’exposition, on peut effectivement se poser une question : faut-il croire et faire confiance à cette nouvelle réalité proposée par l’artiste ? Il semble à première vue que ces objets constituent des traces et témoins mémoriels d’une histoire passée qui s’est réellement déroulée, mais leur ancrage dans la réalité intrigue.
En mêlant des éléments du réel et du rêve, l’intérêt de l’artiste est de changer autant sa propre perception de la vie que la nôtre. Il est tentant de vouloir s'identifier aux objets qu’il nous présente à travers l’exposition car ils sont utilisés dans le quotidien de tous. Mais ici, ils sont comme transformés, la relation que l’on entretient avec eux devient particulière, perturbée et il est donc plus difficile de s’y rattacher personnellement.
À la manière des cabinets de curiosité, Charbel-Joseph fait de ses objets quotidiens des sortes de vanités curieuses, précieuses et symboliques du temps à laquelle on s’attache au cours de la vie et que l’artiste met à distance dans une réalité qui semble intangible.
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674.jpg"><img class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21082" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674-300x230.jpg" alt="" width="300" height="230" /></a>
Philippe de Champaigne, Vanités, XVIIe siècle</h6>
<b>Mais alors, que croire ?
</b>Lorsque l’on lit un roman, on se fait chacun notre propre histoire, nos propres images mentales, on s’approprie le récit que nous fait l’écrivain. <em>The sun is my only ally</em> est le roman de Charbel Joseph Boutros, il y présente des bribes de son existence, à travers sa sensibilité singulière et l’importance de la matérialité. Nous romançons tous notre vie, d’une manière ou d’une autre, certains prennent des photos, d’autres filment leur quotidien. Chacun ressent le besoin de magnifier plus ou moins fortement sa réalité et cela peut prendre plusieurs formes. Tout comme chacun ressent plus ou moins le besoin de l’exposer. Entrer dans la réalité d’une tierce personne peut parfois paraître intrusif, à nous de s’ouvrir ou non à celle-ci.
Finalement, chaque objet de l’exposition, même s’il est lié à une histoire commune, retranscrit une réalité qui lui est propre. Boutros ne cherche pas la représentation du réel mais plutôt à le transfigurer et le dépasser, à aller au-delà de la matérialité des objets et à porter davantage une attention sur le sens de ceux qui nous entourent et que nous utilisons. Il remet en doute leurs usages dans la vie courante à travers ceux dans l’exposition et c’est cela qui peut nous faire douter quant à leur ancrage dans la réalité. Un vrai engagement personnel de la part du spectateur s’impose alors, quant au fait de croire ou non aux histoires racontées à travers les objets de Boutros. Ainsi, si l’on veut réellement comprendre l’histoire, la nature et le sens des objets exposés, il faut donc lui faire confiance.
Après tout, n’est-ce pas ce que l’on peut venir chercher dans une exposition contemporaine, c’est-à-dire de nouvelles perceptions du réel qui nous poussent à la réflexion ?
Derrière les œuvres de Boutros se cache un récit dont il ne tient alors qu’à nous d’y croire ou non.
<h5>Amandine Lemaire et Juliette Mathieu</h5>
Comment l’exposition The sun is my only ally transpose les objets du quotidien dans une nouvelle réalité ?
Vouloir fuir la réalité et vivre dans un monde imaginaire n’est pas un rêve qui date d’aujourd’hui.
Dès le début du XXe siècle, les artistes surréalistes cherchaient à tout prix à fuir les visions horrifiques de la guerre, se réfugiant alors dans leur désir inconscient de liberté, leur imagination et leurs rêves. Face à l’histoire similaire du Liban, son pays natal, l’artiste contemporain Charbel Joseph H.Boutros nous propose de requestionner notre rapport au réel dans son exposition The sun is my only ally. Comme l'exposait Magritte avec “Ceci est une pipe”, l’exposition implique une relation entre un objet (ou plusieurs), son identification et sa représentation dans une réalité. Mais laquelle ?
Que croire ? Et à quoi se référer ? À ce que l’on voit ou au sens que l’on y met ?
René Magritte, Ceci n'est pas une pipe, 1929
Sens donné et utilité figée
Les objets que l’on côtoie au quotidien, les plus insignifiants à première vue, sont présentés dans cette exposition comme de vraies œuvres d’art. De la chemise au verre d’eau, Boutros se la joue à la Duchamp en remettant l’art conceptuel des objets ready-made au goût du jour. Par la simple intervention de l’artiste, l’objet du quotidien est détourné en une oeuvre à admirer.
Duchamp, ready-made, 1917
Face à ces objets aux abords familiers, notre première réaction est d’y transposer notre vécu, nos souvenirs et l’usage que l’on en fait au quotidien. Boutros, lui, propose à travers l’exposition de ses objets personnels une allégorie du temps qui passe, notamment à travers son œuvre " Three Abstractions on Three Histories", qui met en scène trois chemises, apparemment similaires mais dont le temps a su y laisser une trace.
En les suspendant, l’artiste les rend inatteignables, importables et leur confère un statut d'œuvre d’art. Néanmoins, il y apporte du sens en évoquant un lien intergénérationnel entre chacune des chemises dont la couleur se dégrade petit à petit. C’est en cela qu’il se démarque de Duchamp.
Three Abstractions on Three Histories
Face à Boutros qui expose ces objets de voyage à l’usage unique et passé comme des oeuvres figées, Katerina Kamprani propose à travers sa collection "The Uncomfortable" des objets du quotidien créés délibérément pour être des objets inconvenants, inconfortables et inutilisables, dans le but d’interroger leur usage et de déconstruire la conception fondamentale des objets les plus simples.
Ces objets et ceux de l’exposition ont pour but commun de nous faire apprécier la complexité et la profondeur des interactions que l’on peut avoir avec chaque chose qui nous entourent.
Katerina Kampani, the unconfortable collection, 2017
Un exercice d’expérience
Maintenant que les objets du quotidien sont replacés dans le contexte de cette exposition contemporaine, le spectateur est invité à y laisser vagabonder son imagination et sa créativité. Charbel Joseph H. Boutros n’empêche pas cette errance et le fait de voir en l’objet un tout autre sens, car chacun vit à l’origine sa propre expérience, sa propre réalité.
Ainsi, en passant le seuil de la Criée, le visiteur endosse un nouveau statut qui est déconnecté de son quotidien et lui permet de s’ouvrir à d’autres perceptions plus oniriques, fictives et abstraites du réel.
Quelques éléments continuent cependant à le rattacher à la réalité, comme l’oeuvre " Amitié" qui est une paire de chaussures Stan Smith posée au sol par l’artiste près de l’entrée du musée, comme si elles venaient d’être portées puis enlevées. Ce modèle de basket iconique par sa forme et son design fait partie de notre décor quotidien, néanmoins il existe bien plus que l’esthétique autour de cet objet. En effet, l’artiste y a posé une intention et un attachement particulier. Elles portent le poids de son passé et celui de son ami, donnée imperceptible à l'œil nu. L'objet acquiert ainsi une charge émotionnelle, une valeur invisible et incarne une œuvre d’art unique, une histoire.
Amitié
L’idée conceptuelle matérialisée par l’objet est plus forte que l’objet exposé lui-même. Support de sens, les œuvres questionnent notre regard sceptique sur chaque élément. Face à " Untouched Marble", un jugement potentiel s’opère par l’idée pure et simple que se fait le spectateur: pourquoi un cube de marbre est-il posé sur un support à l’avant d’un vélo ?
Le véhicule à deux roues, contraint par ce bloc lourd qui n’a apparemment jamais été touché par un homme, accompagne l’artiste dans ses gestes quotidiens. Mais sa présence inhabituelle sur le vélo perturbe la compréhension de l'œuvre. Les deux objets non liés par leur sens si ce n’est par leur ancrage initial dans le monde réel deviennent, lorsqu’ils sont combinés ensemble, un seul et même élément significatif qui semble tout droit sorti d’un jeu de cadavre exquis.
Untouchable Marble
Aux premiers coups d’oeil, on ne s’imagine pas autant de complexité face à l’observation portée vers des objets aussi simples et communs qu’une paire de chaussures, un verre d’eau ou encore un lit. Alors, pour comprendre le sens de ces œuvres, faut-il vraiment se référer à ce que l’on voit ? Ou ne serait-ce pas mieux de faire plutôt confiance à ce que l’on ressent ?
La ou les réalités : Peut-on croire à ce que l’on voit ?
Définition du réel : Qui existe véritablement
Définition de la réalité : Aspect physique des choses.
Manifestation concrète, contenu (d’un processus, d’un événement)
Il est donc évident que l’exposition interroge notre rapport au quotidien, au réel. Elle nous invite à voyager et à imaginer l’histoire de l’artiste à travers des objets manifestes, relatifs à son histoire, son vécu et des éléments qui renvoient à ses relations (intimes, professionnelles, filiales), son travail et ses propres voyages réels ou même imaginaires. Avec la volonté de créer des objets mémoriels, l’artiste interroge les possibilités de figer des souvenirs, des moments de son passé pour pouvoir les conserver et en garder une trace.
Dans "Night Cartography #3", de la cire provenant de bougie votive est versée sur un masque de nuit d’avion, utilisé par l’artiste pour dormir plusieurs mois. La cire de bougie est un matériau récurrent et symbolique du temps figé dans lequel l’artiste plonge de nombreux objets de la vie courante. Provenant d’un lieu religieux, cette cire confère aux objets enduits une nouvelle charge invisible porteuse de souhaits, ainsi que des rêves, émotions et souvenirs de Boutros.
Night Cartography #3
Mais la cire de nature fragile est contrainte à être coulée à nouveau sur les objets à chaque déplacement de l’exposition. Cette restauration régulière transitoire expose l’enveloppe des objets pendant un instant puis les remet dans un état figé, second et endormi lorsqu’ils sont recouverts. Devenus des archives du sommeil et de la nuit, ces objets s’ancrent petit à petit dans le domaine du rêve, considéré par l’artiste comme un matériau invisible qui permet un moment d’évasion dans une autre réalité.
Une ou plusieurs réalités semblent finalement se dégager de l’exposition : celle de la réalité quotidienne de tout le monde, celle à laquelle on se confronte face aux objets de l’exposition et celle de Boutros qui en découle. Cette dernière est la plus intrigante car elle nécessite de comprendre la volonté, la démarche et le sens donné derrière chaque objet pour connaître les détails de la vie de l’artiste. Les objets d’une temporalité passée, recontextualisés dans une autre réalité qui n’est pas celle d'origine et dans laquelle ils sont inutilisables, deviennent des objets oniriques, presque sacrés par leur matériau et la manière d’être exposés.
Peut-on croire à ce que l’on voit ?
En contemplant l’exposition, on peut effectivement se poser une question : faut-il croire et faire confiance à cette nouvelle réalité proposée par l’artiste ? Il semble à première vue que ces objets constituent des traces et témoins mémoriels d’une histoire passée qui s’est réellement déroulée, mais leur ancrage dans la réalité intrigue.
En mêlant des éléments du réel et du rêve, l’intérêt de l’artiste est de changer autant sa propre perception de la vie que la nôtre. Il est tentant de vouloir s'identifier aux objets qu’il nous présente à travers l’exposition car ils sont utilisés dans le quotidien de tous. Mais ici, ils sont comme transformés, la relation que l’on entretient avec eux devient particulière, perturbée et il est donc plus difficile de s’y rattacher personnellement.
À la manière des cabinets de curiosité, Charbel-Joseph fait de ses objets quotidiens des sortes de vanités curieuses, précieuses et symboliques du temps à laquelle on s’attache au cours de la vie et que l’artiste met à distance dans une réalité qui semble intangible.
Philippe de Champaigne, Vanités, XVIIe siècle
Mais alors, que croire ?
Lorsque l’on lit un roman, on se fait chacun notre propre histoire, nos propres images mentales, on s’approprie le récit que nous fait l’écrivain. The sun is my only ally est le roman de Charbel Joseph Boutros, il y présente des bribes de son existence, à travers sa sensibilité singulière et l’importance de la matérialité. Nous romançons tous notre vie, d’une manière ou d’une autre, certains prennent des photos, d’autres filment leur quotidien. Chacun ressent le besoin de magnifier plus ou moins fortement sa réalité et cela peut prendre plusieurs formes. Tout comme chacun ressent plus ou moins le besoin de l’exposer. Entrer dans la réalité d’une tierce personne peut parfois paraître intrusif, à nous de s’ouvrir ou non à celle-ci.
Finalement, chaque objet de l’exposition, même s’il est lié à une histoire commune, retranscrit une réalité qui lui est propre. Boutros ne cherche pas la représentation du réel mais plutôt à le transfigurer et le dépasser, à aller au-delà de la matérialité des objets et à porter davantage une attention sur le sens de ceux qui nous entourent et que nous utilisons. Il remet en doute leurs usages dans la vie courante à travers ceux dans l’exposition et c’est cela qui peut nous faire douter quant à leur ancrage dans la réalité. Un vrai engagement personnel de la part du spectateur s’impose alors, quant au fait de croire ou non aux histoires racontées à travers les objets de Boutros. Ainsi, si l’on veut réellement comprendre l’histoire, la nature et le sens des objets exposés, il faut donc lui faire confiance.
Après tout, n’est-ce pas ce que l’on peut venir chercher dans une exposition contemporaine, c’est-à-dire de nouvelles perceptions du réel qui nous poussent à la réflexion ?
Derrière les œuvres de Boutros se cache un récit dont il ne tient alors qu’à nous d’y croire ou non.
Amandine Lemaire et Juliette Mathieu
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<p><b>Comment l’exposition </b><b><i>The sun is my only ally</i></b><b> transpose les objets du quotidien dans une nouvelle réalité ?</b></p>
<p>Vouloir fuir la réalité et vivre dans un monde imaginaire n’est pas un rêve qui date d’aujourd’hui.<br />
Dès le début du XXe siècle, les artistes surréalistes cherchaient à tout prix à fuir les visions horrifiques de la guerre, se réfugiant alors dans leur désir inconscient de liberté, leur imagination et leurs rêves. Face à l’histoire similaire du Liban, son pays natal, l’artiste contemporain Charbel Joseph H.Boutros nous propose de requestionner notre rapport au réel dans son exposition <i>The sun is my only ally</i>. Comme l’exposait Magritte avec “Ceci est une pipe”, l’exposition implique une relation entre un objet (ou plusieurs), son identification et sa représentation dans une réalité. Mais laquelle ?</p>
<p><em>Que croire ? Et à quoi se référer ? À ce que l’on voit ou au sens que l’on y met ? </em></p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone wp-image-21071 size-medium" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-300x217.jpg" alt="" width="300" height="217" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-300x217.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-1024x742.jpg 1024w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-768x557.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-1536x1113.jpg 1536w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262-800x580.jpg 800w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Rene-Magritte-la-trahison-des-images-Ceci-nest-pas-une-pipe-1929-scaled-e1670678018262.jpg 1766w" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" /></a><br />
<em>René Magritte, Ceci n’est pas une pipe, 1929</em></h6>
<p><b>Sens donné et utilité figée<br />
</b>Les objets que l’on côtoie au quotidien, les plus insignifiants à première vue, sont présentés dans cette exposition comme de vraies œuvres d’art. De la chemise au verre d’eau, Boutros se la joue à la Duchamp en remettant l’art conceptuel des objets ready-made au goût du jour. Par la simple intervention de l’artiste, l’objet du quotidien est détourné en une oeuvre à admirer.</p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21072" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-228x300.jpg" alt="" width="228" height="300" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-228x300.jpg 228w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-778x1024.jpg 778w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-768x1011.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-1166x1536.jpg 1166w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917-456x600.jpg 456w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Duchamp-ready-made-R.MUTT-1917.jpg 1215w" sizes="(max-width: 228px) 100vw, 228px" /></a><br />
Duchamp, ready-made, 1917</h6>
<p>Face à ces objets aux abords familiers, notre première réaction est d’y transposer notre vécu, nos souvenirs et l’usage que l’on en fait au quotidien. Boutros, lui, propose à travers l’exposition de ses objets personnels une allégorie du temps qui passe, notamment à travers son œuvre « <i>Three Abstractions on Three Histories »</i>, qui met en scène trois chemises, apparemment similaires mais dont le temps a su y laisser une trace.<br />
En les suspendant, l’artiste les rend inatteignables, importables et leur confère un statut d’œuvre d’art. Néanmoins, il y apporte du sens en évoquant un lien intergénérationnel entre chacune des chemises dont la couleur se dégrade petit à petit. C’est en cela qu’il se démarque de Duchamp.</p>
<h6 style="text-align: left"><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone wp-image-21084" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-1024x754.jpg" alt="" width="500" height="368" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-1024x754.jpg 1024w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-300x221.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-768x566.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-1536x1131.jpg 1536w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-2048x1509.jpg 2048w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0916-800x589.jpg 800w" sizes="(max-width: 500px) 100vw, 500px" /></a><br />
Three Abstractions on Three Histories</h6>
<p>Face à Boutros qui expose ces objets de voyage à l’usage unique et passé comme des oeuvres figées, Katerina Kamprani propose à travers sa collection « The Uncomfortable » des objets du quotidien créés délibérément pour être des objets inconvenants, inconfortables et inutilisables, dans le but d’interroger leur usage et de déconstruire la conception fondamentale des objets les plus simples.<br />
Ces objets et ceux de l’exposition ont pour but commun de nous faire apprécier la complexité et la profondeur des interactions que l’on peut avoir avec chaque chose qui nous entourent.</p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21075" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017-300x200.jpg" alt="" width="300" height="200" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017-300x200.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017-1024x684.jpg 1024w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017-768x513.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017-800x534.jpg 800w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Katerina-Kamprani-The-uncomfortable-collection-2017.jpg 1300w" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" /></a><br />
Katerina Kampani, the unconfortable collection, 2017</h6>
<p><b>Un exercice d’expérience</b></p>
<p>Maintenant que les objets du quotidien sont replacés dans le contexte de cette exposition contemporaine, le spectateur est invité à y laisser vagabonder son imagination et sa créativité. Charbel Joseph H. Boutros n’empêche pas cette errance et le fait de voir en l’objet un tout autre sens, car chacun vit à l’origine sa propre expérience, sa propre réalité.<br />
Ainsi, en passant le seuil de la Criée, le visiteur endosse un nouveau statut qui est déconnecté de son quotidien et lui permet de s’ouvrir à d’autres perceptions plus oniriques, fictives et abstraites du réel.</p>
<p>Quelques éléments continuent cependant à le rattacher à la réalité, comme l’oeuvre « <i>Amitié »</i> qui est une paire de chaussures Stan Smith posée au sol par l’artiste près de l’entrée du musée, comme si elles venaient d’être portées puis enlevées. Ce modèle de basket iconique par sa forme et son design fait partie de notre décor quotidien, néanmoins il existe bien plus que l’esthétique autour de cet objet. En effet, l’artiste y a posé une intention et un attachement particulier. Elles portent le poids de son passé et celui de son ami, donnée imperceptible à l’œil nu. L’objet acquiert ainsi une charge émotionnelle, une valeur invisible et incarne une œuvre d’art unique, une histoire.</p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone wp-image-21085 size-medium" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-300x218.jpg" alt="" width="300" height="218" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-300x218.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-1024x743.jpg 1024w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-768x557.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-1536x1114.jpg 1536w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-2048x1486.jpg 2048w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Amitie-1-800x580.jpg 800w" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" /></a><br />
Amitié</h6>
<p>L’idée conceptuelle matérialisée par l’objet est plus forte que l’objet exposé lui-même. Support de sens, les œuvres questionnent notre regard sceptique sur chaque élément. Face à « <i>Untouched Marble »,</i> un jugement potentiel s’opère par l’idée pure et simple que se fait le spectateur: pourquoi un cube de marbre est-il posé sur un support à l’avant d’un vélo ?<br />
Le véhicule à deux roues, contraint par ce bloc lourd qui n’a apparemment jamais été touché par un homme, accompagne l’artiste dans ses gestes quotidiens. Mais sa présence inhabituelle sur le vélo perturbe la compréhension de l’œuvre. Les deux objets non liés par leur sens si ce n’est par leur ancrage initial dans le monde réel deviennent, lorsqu’ils sont combinés ensemble, un seul et même élément significatif qui semble tout droit sorti d’un jeu de cadavre exquis.</p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21086" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-300x205.jpg" alt="" width="300" height="205" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-300x205.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-1024x698.jpg 1024w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-768x524.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-1536x1047.jpg 1536w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-2048x1396.jpg 2048w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0918-800x545.jpg 800w" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" /></a><br />
Untouchable Marble</h6>
<p>Aux premiers coups d’oeil, on ne s’imagine pas autant de complexité face à l’observation portée vers des objets aussi simples et communs qu’une paire de chaussures, un verre d’eau ou encore un lit. Alors, pour comprendre le sens de ces œuvres, faut-il vraiment se référer à ce que l’on voit ? Ou ne serait-ce pas mieux de faire plutôt confiance à ce que l’on ressent ?</p>
<p><b>La ou les réalités : Peut-on croire à ce que l’on voit ?<br />
</b><i>Définition du réel : Qui existe véritablement</i><i><br />
</i><i>Définition de la réalité : Aspect physique des choses.</i><i><br />
</i><i> Manifestation concrète, contenu (d’un processus, d’un événement)</i></p>
<p><b></b>Il est donc évident que l’exposition interroge notre rapport au quotidien, au réel. Elle nous invite à voyager et à imaginer l’histoire de l’artiste à travers des objets manifestes, relatifs à son histoire, son vécu et des éléments qui renvoient à ses relations (intimes, professionnelles, filiales), son travail et ses propres voyages réels ou même imaginaires. Avec la volonté de créer des objets mémoriels, l’artiste interroge les possibilités de figer des souvenirs, des moments de son passé pour pouvoir les conserver et en garder une trace.<b></b></p>
<p>Dans « Night Cartography #3 », de la cire provenant de bougie votive est versée sur un masque de nuit d’avion, utilisé par l’artiste pour dormir plusieurs mois. La cire de bougie est un matériau récurrent et symbolique du temps figé dans lequel l’artiste plonge de nombreux objets de la vie courante. Provenant d’un lieu religieux, cette cire confère aux objets enduits une nouvelle charge invisible porteuse de souhaits, ainsi que des rêves, émotions et souvenirs de Boutros.</p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21087" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-300x217.jpg" alt="" width="300" height="217" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-300x217.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-1024x741.jpg 1024w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-768x556.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-1536x1111.jpg 1536w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-2048x1482.jpg 2048w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/IMG_0924-800x579.jpg 800w" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" /></a><br />
Night Cartography #3</h6>
<p>Mais la cire de nature fragile est contrainte à être coulée à nouveau sur les objets à chaque déplacement de l’exposition. Cette restauration régulière transitoire expose l’enveloppe des objets pendant un instant puis les remet dans un état figé, second et endormi lorsqu’ils sont recouverts. Devenus des archives du sommeil et de la nuit, ces objets s’ancrent petit à petit dans le domaine du rêve, considéré par l’artiste comme un matériau invisible qui permet un moment d’évasion dans une autre réalité.</p>
<p>Une ou plusieurs réalités semblent finalement se dégager de l’exposition : celle de la réalité quotidienne de tout le monde, celle à laquelle on se confronte face aux objets de l’exposition et celle de Boutros qui en découle. Cette dernière est la plus intrigante car elle nécessite de comprendre la volonté, la démarche et le sens donné derrière chaque objet pour connaître les détails de la vie de l’artiste. Les objets d’une temporalité passée, recontextualisés dans une autre réalité qui n’est pas celle d’origine et dans laquelle ils sont inutilisables, deviennent des objets oniriques, presque sacrés par leur matériau et la manière d’être exposés.</p>
<p><b>Peut-on croire à ce que l’on voit ?<br />
</b>En contemplant l’exposition, on peut effectivement se poser une question : faut-il croire et faire confiance à cette nouvelle réalité proposée par l’artiste ? Il semble à première vue que ces objets constituent des traces et témoins mémoriels d’une histoire passée qui s’est réellement déroulée, mais leur ancrage dans la réalité intrigue.</p>
<p>En mêlant des éléments du réel et du rêve, l’intérêt de l’artiste est de changer autant sa propre perception de la vie que la nôtre. Il est tentant de vouloir s’identifier aux objets qu’il nous présente à travers l’exposition car ils sont utilisés dans le quotidien de tous. Mais ici, ils sont comme transformés, la relation que l’on entretient avec eux devient particulière, perturbée et il est donc plus difficile de s’y rattacher personnellement.</p>
<p>À la manière des cabinets de curiosité, Charbel-Joseph fait de ses objets quotidiens des sortes de vanités curieuses, précieuses et symboliques du temps à laquelle on s’attache au cours de la vie et que l’artiste met à distance dans une réalité qui semble intangible.</p>
<h6><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674.jpg"><img decoding="async" loading="lazy" class="img-thumbnail img-responsive alignnone size-medium wp-image-21082" src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674-300x230.jpg" alt="" width="300" height="230" srcset="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674-300x230.jpg 300w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674-768x589.jpg 768w, https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2022/12/Philippe-de-Champaigne-Vanite-1602-1674.jpg 782w" sizes="(max-width: 300px) 100vw, 300px" /></a><br />
Philippe de Champaigne, Vanités, XVIIe siècle</h6>
<p><b>Mais alors, que croire ?<br />
</b>Lorsque l’on lit un roman, on se fait chacun notre propre histoire, nos propres images mentales, on s’approprie le récit que nous fait l’écrivain. <em>The sun is my only ally</em> est le roman de Charbel Joseph Boutros, il y présente des bribes de son existence, à travers sa sensibilité singulière et l’importance de la matérialité. Nous romançons tous notre vie, d’une manière ou d’une autre, certains prennent des photos, d’autres filment leur quotidien. Chacun ressent le besoin de magnifier plus ou moins fortement sa réalité et cela peut prendre plusieurs formes. Tout comme chacun ressent plus ou moins le besoin de l’exposer. Entrer dans la réalité d’une tierce personne peut parfois paraître intrusif, à nous de s’ouvrir ou non à celle-ci.</p>
<p>Finalement, chaque objet de l’exposition, même s’il est lié à une histoire commune, retranscrit une réalité qui lui est propre. Boutros ne cherche pas la représentation du réel mais plutôt à le transfigurer et le dépasser, à aller au-delà de la matérialité des objets et à porter davantage une attention sur le sens de ceux qui nous entourent et que nous utilisons. Il remet en doute leurs usages dans la vie courante à travers ceux dans l’exposition et c’est cela qui peut nous faire douter quant à leur ancrage dans la réalité. Un vrai engagement personnel de la part du spectateur s’impose alors, quant au fait de croire ou non aux histoires racontées à travers les objets de Boutros. Ainsi, si l’on veut réellement comprendre l’histoire, la nature et le sens des objets exposés, il faut donc lui faire confiance.</p>
<p>Après tout, n’est-ce pas ce que l’on peut venir chercher dans une exposition contemporaine, c’est-à-dire de nouvelles perceptions du réel qui nous poussent à la réflexion ?<br />
Derrière les œuvres de Boutros se cache un récit dont il ne tient alors qu’à nous d’y croire ou non.</p>
<h5>Amandine Lemaire et Juliette Mathieu</h5>
Comment l’exposition The sun is my only ally transpose les objets du quotidien dans une nouvelle réalité ?
Vouloir fuir la réalité et vivre dans un monde imaginaire n’est pas un rêve qui date d’aujourd’hui.
Dès le début du XXe siècle, les artistes surréalistes cherchaient à tout prix à fuir les visions horrifiques de la guerre, se réfugiant alors dans leur désir inconscient de liberté, leur imagination et leurs rêves. Face à l’histoire similaire du Liban, son pays natal, l’artiste contemporain Charbel Joseph H.Boutros nous propose de requestionner notre rapport au réel dans son exposition The sun is my only ally. Comme l’exposait Magritte avec “Ceci est une pipe”, l’exposition implique une relation entre un objet (ou plusieurs), son identification et sa représentation dans une réalité. Mais laquelle ?
Que croire ? Et à quoi se référer ? À ce que l’on voit ou au sens que l’on y met ?
René Magritte, Ceci n’est pas une pipe, 1929
Sens donné et utilité figée
Les objets que l’on côtoie au quotidien, les plus insignifiants à première vue, sont présentés dans cette exposition comme de vraies œuvres d’art. De la chemise au verre d’eau, Boutros se la joue à la Duchamp en remettant l’art conceptuel des objets ready-made au goût du jour. Par la simple intervention de l’artiste, l’objet du quotidien est détourné en une oeuvre à admirer.
Duchamp, ready-made, 1917
Face à ces objets aux abords familiers, notre première réaction est d’y transposer notre vécu, nos souvenirs et l’usage que l’on en fait au quotidien. Boutros, lui, propose à travers l’exposition de ses objets personnels une allégorie du temps qui passe, notamment à travers son œuvre « Three Abstractions on Three Histories », qui met en scène trois chemises, apparemment similaires mais dont le temps a su y laisser une trace.
En les suspendant, l’artiste les rend inatteignables, importables et leur confère un statut d’œuvre d’art. Néanmoins, il y apporte du sens en évoquant un lien intergénérationnel entre chacune des chemises dont la couleur se dégrade petit à petit. C’est en cela qu’il se démarque de Duchamp.
Three Abstractions on Three Histories
Face à Boutros qui expose ces objets de voyage à l’usage unique et passé comme des oeuvres figées, Katerina Kamprani propose à travers sa collection « The Uncomfortable » des objets du quotidien créés délibérément pour être des objets inconvenants, inconfortables et inutilisables, dans le but d’interroger leur usage et de déconstruire la conception fondamentale des objets les plus simples.
Ces objets et ceux de l’exposition ont pour but commun de nous faire apprécier la complexité et la profondeur des interactions que l’on peut avoir avec chaque chose qui nous entourent.
Katerina Kampani, the unconfortable collection, 2017
Un exercice d’expérience
Maintenant que les objets du quotidien sont replacés dans le contexte de cette exposition contemporaine, le spectateur est invité à y laisser vagabonder son imagination et sa créativité. Charbel Joseph H. Boutros n’empêche pas cette errance et le fait de voir en l’objet un tout autre sens, car chacun vit à l’origine sa propre expérience, sa propre réalité.
Ainsi, en passant le seuil de la Criée, le visiteur endosse un nouveau statut qui est déconnecté de son quotidien et lui permet de s’ouvrir à d’autres perceptions plus oniriques, fictives et abstraites du réel.
Quelques éléments continuent cependant à le rattacher à la réalité, comme l’oeuvre « Amitié » qui est une paire de chaussures Stan Smith posée au sol par l’artiste près de l’entrée du musée, comme si elles venaient d’être portées puis enlevées. Ce modèle de basket iconique par sa forme et son design fait partie de notre décor quotidien, néanmoins il existe bien plus que l’esthétique autour de cet objet. En effet, l’artiste y a posé une intention et un attachement particulier. Elles portent le poids de son passé et celui de son ami, donnée imperceptible à l’œil nu. L’objet acquiert ainsi une charge émotionnelle, une valeur invisible et incarne une œuvre d’art unique, une histoire.
Amitié
L’idée conceptuelle matérialisée par l’objet est plus forte que l’objet exposé lui-même. Support de sens, les œuvres questionnent notre regard sceptique sur chaque élément. Face à « Untouched Marble », un jugement potentiel s’opère par l’idée pure et simple que se fait le spectateur: pourquoi un cube de marbre est-il posé sur un support à l’avant d’un vélo ?
Le véhicule à deux roues, contraint par ce bloc lourd qui n’a apparemment jamais été touché par un homme, accompagne l’artiste dans ses gestes quotidiens. Mais sa présence inhabituelle sur le vélo perturbe la compréhension de l’œuvre. Les deux objets non liés par leur sens si ce n’est par leur ancrage initial dans le monde réel deviennent, lorsqu’ils sont combinés ensemble, un seul et même élément significatif qui semble tout droit sorti d’un jeu de cadavre exquis.
Untouchable Marble
Aux premiers coups d’oeil, on ne s’imagine pas autant de complexité face à l’observation portée vers des objets aussi simples et communs qu’une paire de chaussures, un verre d’eau ou encore un lit. Alors, pour comprendre le sens de ces œuvres, faut-il vraiment se référer à ce que l’on voit ? Ou ne serait-ce pas mieux de faire plutôt confiance à ce que l’on ressent ?
La ou les réalités : Peut-on croire à ce que l’on voit ?
Définition du réel : Qui existe véritablement
Définition de la réalité : Aspect physique des choses.
Manifestation concrète, contenu (d’un processus, d’un événement)
Il est donc évident que l’exposition interroge notre rapport au quotidien, au réel. Elle nous invite à voyager et à imaginer l’histoire de l’artiste à travers des objets manifestes, relatifs à son histoire, son vécu et des éléments qui renvoient à ses relations (intimes, professionnelles, filiales), son travail et ses propres voyages réels ou même imaginaires. Avec la volonté de créer des objets mémoriels, l’artiste interroge les possibilités de figer des souvenirs, des moments de son passé pour pouvoir les conserver et en garder une trace.
Dans « Night Cartography #3 », de la cire provenant de bougie votive est versée sur un masque de nuit d’avion, utilisé par l’artiste pour dormir plusieurs mois. La cire de bougie est un matériau récurrent et symbolique du temps figé dans lequel l’artiste plonge de nombreux objets de la vie courante. Provenant d’un lieu religieux, cette cire confère aux objets enduits une nouvelle charge invisible porteuse de souhaits, ainsi que des rêves, émotions et souvenirs de Boutros.
Night Cartography #3
Mais la cire de nature fragile est contrainte à être coulée à nouveau sur les objets à chaque déplacement de l’exposition. Cette restauration régulière transitoire expose l’enveloppe des objets pendant un instant puis les remet dans un état figé, second et endormi lorsqu’ils sont recouverts. Devenus des archives du sommeil et de la nuit, ces objets s’ancrent petit à petit dans le domaine du rêve, considéré par l’artiste comme un matériau invisible qui permet un moment d’évasion dans une autre réalité.
Une ou plusieurs réalités semblent finalement se dégager de l’exposition : celle de la réalité quotidienne de tout le monde, celle à laquelle on se confronte face aux objets de l’exposition et celle de Boutros qui en découle. Cette dernière est la plus intrigante car elle nécessite de comprendre la volonté, la démarche et le sens donné derrière chaque objet pour connaître les détails de la vie de l’artiste. Les objets d’une temporalité passée, recontextualisés dans une autre réalité qui n’est pas celle d’origine et dans laquelle ils sont inutilisables, deviennent des objets oniriques, presque sacrés par leur matériau et la manière d’être exposés.
Peut-on croire à ce que l’on voit ?
En contemplant l’exposition, on peut effectivement se poser une question : faut-il croire et faire confiance à cette nouvelle réalité proposée par l’artiste ? Il semble à première vue que ces objets constituent des traces et témoins mémoriels d’une histoire passée qui s’est réellement déroulée, mais leur ancrage dans la réalité intrigue.
En mêlant des éléments du réel et du rêve, l’intérêt de l’artiste est de changer autant sa propre perception de la vie que la nôtre. Il est tentant de vouloir s’identifier aux objets qu’il nous présente à travers l’exposition car ils sont utilisés dans le quotidien de tous. Mais ici, ils sont comme transformés, la relation que l’on entretient avec eux devient particulière, perturbée et il est donc plus difficile de s’y rattacher personnellement.
À la manière des cabinets de curiosité, Charbel-Joseph fait de ses objets quotidiens des sortes de vanités curieuses, précieuses et symboliques du temps à laquelle on s’attache au cours de la vie et que l’artiste met à distance dans une réalité qui semble intangible.
Philippe de Champaigne, Vanités, XVIIe siècle
Mais alors, que croire ?
Lorsque l’on lit un roman, on se fait chacun notre propre histoire, nos propres images mentales, on s’approprie le récit que nous fait l’écrivain. The sun is my only ally est le roman de Charbel Joseph Boutros, il y présente des bribes de son existence, à travers sa sensibilité singulière et l’importance de la matérialité. Nous romançons tous notre vie, d’une manière ou d’une autre, certains prennent des photos, d’autres filment leur quotidien. Chacun ressent le besoin de magnifier plus ou moins fortement sa réalité et cela peut prendre plusieurs formes. Tout comme chacun ressent plus ou moins le besoin de l’exposer. Entrer dans la réalité d’une tierce personne peut parfois paraître intrusif, à nous de s’ouvrir ou non à celle-ci.
Finalement, chaque objet de l’exposition, même s’il est lié à une histoire commune, retranscrit une réalité qui lui est propre. Boutros ne cherche pas la représentation du réel mais plutôt à le transfigurer et le dépasser, à aller au-delà de la matérialité des objets et à porter davantage une attention sur le sens de ceux qui nous entourent et que nous utilisons. Il remet en doute leurs usages dans la vie courante à travers ceux dans l’exposition et c’est cela qui peut nous faire douter quant à leur ancrage dans la réalité. Un vrai engagement personnel de la part du spectateur s’impose alors, quant au fait de croire ou non aux histoires racontées à travers les objets de Boutros. Ainsi, si l’on veut réellement comprendre l’histoire, la nature et le sens des objets exposés, il faut donc lui faire confiance.
Après tout, n’est-ce pas ce que l’on peut venir chercher dans une exposition contemporaine, c’est-à-dire de nouvelles perceptions du réel qui nous poussent à la réflexion ?
Derrière les œuvres de Boutros se cache un récit dont il ne tient alors qu’à nous d’y croire ou non.
Amandine Lemaire et Juliette Mathieu
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