Théâtre de marionnettes et Guignol

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content String <strong>Contourner la censure royale, faire parler des marionnettes</strong> Pour son exposition <em>Mime</em>, Mathis Collins s'est intéressé à la naissance des arts forains et à l'histoire du théâtre de rue, dont le théâtre de marionnettes fait partie. Les œuvres <em>Artiste policier quittant Paris</em>, <em>Artiste policier et le Guignol’s Band</em> et <em>Artiste policier contre Poulbot</em> (2020) font tout particulièrement écho à ce genre théâtral populaire. [gallery link="file" ids="16074,16072,16094,16093,16073,16071,16068"] <ul> <li><strong>Le théâtre de marionnettes</strong></li> </ul> C'est notamment suite à la censure décrétée par Louis XIV en 1680 que cette forme de théâtre va se développer. Les troupes de théâtre de rue n'ont plus le droit de dialoguer en français sur scène ; le monopole est confié à la Comédie-Française. C'est ainsi que le théâtre de marionnettes apparaît comme un moyen de contourner cet interdit et de continuer à jouer. Afin de maintenir leur identité secrète, les comédien.ne.s vont actionner à la main ces figurines, à fils, à gaine ou à tige, sans montrer leur visage. Les marionnettes représentent des figures humaines ou animales et portent la voix des acteur.trice.s qui n'ont plus le droit de s'exprimer ouvertement. Théâtre du registre comique, les marionnettes sont le reflet grotesque de personnages connus, tels que des Seigneurs, des évêques, etc. Le spectacle se déroule souvent dans un castelet, élément de décor de théâtre miniature qui permet au.à la comédien.ne de se cacher. Cette structure a également l'avantage d'être mobile : les acteur.trice.s peuvent déguerpir sitôt le signal donné, castelet sous le bras et marionnettes en main. On retrouve cette image dans l'œuvre de Mathis Collins,<em> Artiste policier quittant Paris</em> (2020). Au <span class="romain">XVII</span><sup><span style="font-size: 8.5pt;">e</span></sup> et dans la première moitié du <span class="romain">XVIII</span><sup><span style="font-size: 8.5pt;">e</span></sup> siècle, des spectacles de marionnettes sont joués à Paris, dans les foires annuelles de Saint-Germain et de Saint-Laurent. Un marionnettiste connu, Pierre Datelin, dit Jean Brioché, importe en France le personnage de Polichinelle et présente ses spectacles sur le pont Neuf. Parmi les pièces jouées, on retrouve des parodies d'opéras où des marionnettes en costumes miment l'action, tandis que des chanteurs, soutenus par quelques instruments, parodient les livrets sur des refrains populaires, alternant allusions grivoises, jeux de mots et humour décalé. <ul> <li><strong>La marionnette Guignol</strong></li> </ul> Au XIXe siècle le théâtre de marionnettes connaît un nouveau succès en France grâce au personnage Guignol. Créée à Lyon vers 1808 par Laurent Mourguet, cette marionnette à gaine est inspirée des personnages stéréotypés de la commedia dell'arte, tel que Polichinelle par exemple. À l'image de ce personnage du répertoire italien, Guignol permet à Mathis Collins d'évoquer son double personnage d' « artiste policier ». À la fois naïf et malin, Guignol est avant tout caractérisé par l'ironie et l'humour, pour lequels les fameux coups de bâton – <em>slapstick</em> – sont une figure récurrente. L'œuvre <em>Artiste policier et le Guignol's Band</em> (2020) met en scène ce genre de farces. Par métonymie, Guignol désigne plus largement le théâtre comique dont il est le personnage principal, avec Gnafron et Madelon. Si le rire est central dans les pièces de Guignol, la portée de son propos n'en est pas moins politique. Figures au parler populaire, les situations jouées s'inspirent souvent de l'actualité et dénoncent des injustices sociales.
Contourner la censure royale, faire parler des marionnettes Pour son exposition Mime, Mathis Collins s'est intéressé à la naissance des arts forains et à l'histoire du théâtre de rue, dont le théâtre de marionnettes fait partie. Les œuvres Artiste policier quittant Paris, Artiste policier et le Guignol’s Band et Artiste policier contre Poulbot (2020) font tout particulièrement écho à ce genre théâtral populaire. [gallery link="file" ids="16074,16072,16094,16093,16073,16071,16068"]
  • Le théâtre de marionnettes
C'est notamment suite à la censure décrétée par Louis XIV en 1680 que cette forme de théâtre va se développer. Les troupes de théâtre de rue n'ont plus le droit de dialoguer en français sur scène ; le monopole est confié à la Comédie-Française. C'est ainsi que le théâtre de marionnettes apparaît comme un moyen de contourner cet interdit et de continuer à jouer. Afin de maintenir leur identité secrète, les comédien.ne.s vont actionner à la main ces figurines, à fils, à gaine ou à tige, sans montrer leur visage. Les marionnettes représentent des figures humaines ou animales et portent la voix des acteur.trice.s qui n'ont plus le droit de s'exprimer ouvertement. Théâtre du registre comique, les marionnettes sont le reflet grotesque de personnages connus, tels que des Seigneurs, des évêques, etc. Le spectacle se déroule souvent dans un castelet, élément de décor de théâtre miniature qui permet au.à la comédien.ne de se cacher. Cette structure a également l'avantage d'être mobile : les acteur.trice.s peuvent déguerpir sitôt le signal donné, castelet sous le bras et marionnettes en main. On retrouve cette image dans l'œuvre de Mathis Collins, Artiste policier quittant Paris (2020). Au XVIIe et dans la première moitié du XVIIIe siècle, des spectacles de marionnettes sont joués à Paris, dans les foires annuelles de Saint-Germain et de Saint-Laurent. Un marionnettiste connu, Pierre Datelin, dit Jean Brioché, importe en France le personnage de Polichinelle et présente ses spectacles sur le pont Neuf. Parmi les pièces jouées, on retrouve des parodies d'opéras où des marionnettes en costumes miment l'action, tandis que des chanteurs, soutenus par quelques instruments, parodient les livrets sur des refrains populaires, alternant allusions grivoises, jeux de mots et humour décalé.
  • La marionnette Guignol
Au XIXe siècle le théâtre de marionnettes connaît un nouveau succès en France grâce au personnage Guignol. Créée à Lyon vers 1808 par Laurent Mourguet, cette marionnette à gaine est inspirée des personnages stéréotypés de la commedia dell'arte, tel que Polichinelle par exemple. À l'image de ce personnage du répertoire italien, Guignol permet à Mathis Collins d'évoquer son double personnage d' « artiste policier ». À la fois naïf et malin, Guignol est avant tout caractérisé par l'ironie et l'humour, pour lequels les fameux coups de bâton – slapstick – sont une figure récurrente. L'œuvre Artiste policier et le Guignol's Band (2020) met en scène ce genre de farces. Par métonymie, Guignol désigne plus largement le théâtre comique dont il est le personnage principal, avec Gnafron et Madelon. Si le rire est central dans les pièces de Guignol, la portée de son propos n'en est pas moins politique. Figures au parler populaire, les situations jouées s'inspirent souvent de l'actualité et dénoncent des injustices sociales.
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content_filtered String <p><strong>Contourner la censure royale, faire parler des marionnettes</strong></p> <p>Pour son exposition <em>Mime</em>, Mathis Collins s&rsquo;est intéressé à la naissance des arts forains et à l&rsquo;histoire du théâtre de rue, dont le théâtre de marionnettes fait partie. Les œuvres <em>Artiste policier quittant Paris</em>, <em>Artiste policier et le Guignol’s Band</em> et <em>Artiste policier contre Poulbot</em> (2020) font tout particulièrement écho à ce genre théâtral populaire.</p> <div class="rgg-container" data-rgg-id="1"> <div class="rgg-imagegrid captions-title captions-effect-none " data-rgg-id="1"> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Marionnette-à-fil-de-Polichinelle_théatre-Séraphin-au-Palais-Royal_v1797.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Marionnette &agrave; fil de Polichinelle_th&eacute;atre S&eacute;raphin au Palais Royal_v1797" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Marionnette-à-fil-de-Polichinelle_théatre-Séraphin-au-Palais-Royal_v1797-169x300.jpg" data-ratio="0.56333333333333" data-height="300" data-width="169" aria-label=""> </a> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Petite-fille-jouant-avec-Rintintin-et-Nénette_Poulbot-Francisque_1918.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Francisque Poulbot, Petite fille jouant avec Rintintin et N&eacute;nette,1918" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Petite-fille-jouant-avec-Rintintin-et-Nénette_Poulbot-Francisque_1918-277x300.jpg" data-ratio="0.92333333333333" data-height="300" data-width="277" aria-label=""> </a> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Marionnette-à-fils_Pierrot-1.png" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Marionnette-&agrave;-fils_Pierrot" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Marionnette-à-fils_Pierrot-1-175x300.png" data-ratio="0.58333333333333" data-height="300" data-width="175" aria-label=""> </a> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Guignol_Lyon-1.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Guignol et un gendarme" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Guignol_Lyon-1-300x200.jpg" data-ratio="1.5" data-height="200" data-width="300" aria-label=""> </a> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Un-castelet-du-Guignol-Guerin_2014-e1601641142946.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Un castelet du Guignol Guerin_2014" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Un-castelet-du-Guignol-Guerin_2014-e1601641142946-300x275.jpg" data-ratio="1.0909090909091" data-height="275" data-width="300" aria-label=""> </a> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Marionnettes_du_Guignol_Guerin.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Marionnettes_du_Guignol_Guerin" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Marionnettes_du_Guignol_Guerin-300x146.jpg" data-ratio="2.0547945205479" data-height="146" data-width="300" aria-label=""> </a> <a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Castelet_guignol.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Castelet_guignol" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Castelet_guignol-300x225.jpg" data-ratio="1.3333333333333" data-height="225" data-width="300" aria-label=""> </a> </div> </div> <ul> <li><strong>Le théâtre de marionnettes</strong></li> </ul> <p>C&rsquo;est notamment suite à la censure décrétée par Louis XIV en 1680 que cette forme de théâtre va se développer. Les troupes de théâtre de rue n&rsquo;ont plus le droit de dialoguer en français sur scène ; le monopole est confié à la Comédie-Française. C&rsquo;est ainsi que le théâtre de marionnettes apparaît comme un moyen de contourner cet interdit et de continuer à jouer. Afin de maintenir leur identité secrète, les comédien.ne.s vont actionner à la main ces figurines, à fils, à gaine ou à tige, sans montrer leur visage. Les marionnettes représentent des figures humaines ou animales et portent la voix des acteur.trice.s qui n&rsquo;ont plus le droit de s&rsquo;exprimer ouvertement. Théâtre du registre comique, les marionnettes sont le reflet grotesque de personnages connus, tels que des Seigneurs, des évêques, etc. Le spectacle se déroule souvent dans un castelet, élément de décor de théâtre miniature qui permet au.à la comédien.ne de se cacher. Cette structure a également l&rsquo;avantage d&rsquo;être mobile : les acteur.trice.s peuvent déguerpir sitôt le signal donné, castelet sous le bras et marionnettes en main. On retrouve cette image dans l&rsquo;œuvre de Mathis Collins,<em> Artiste policier quittant Paris</em> (2020).</p> <p>Au <span class="romain">XVII</span><sup><span style="font-size: 8.5pt;">e</span></sup> et dans la première moitié du <span class="romain">XVIII</span><sup><span style="font-size: 8.5pt;">e</span></sup> siècle, des spectacles de marionnettes sont joués à Paris, dans les foires annuelles de Saint-Germain et de Saint-Laurent. Un marionnettiste connu, Pierre Datelin, dit Jean Brioché, importe en France le personnage de Polichinelle et présente ses spectacles sur le pont Neuf. Parmi les pièces jouées, on retrouve des parodies d&rsquo;opéras où des marionnettes en costumes miment l&rsquo;action, tandis que des chanteurs, soutenus par quelques instruments, parodient les livrets sur des refrains populaires, alternant allusions grivoises, jeux de mots et humour décalé.</p> <ul> <li><strong>La marionnette Guignol</strong></li> </ul> <p>Au XIXe siècle le théâtre de marionnettes connaît un nouveau succès en France grâce au personnage Guignol. Créée à Lyon vers 1808 par Laurent Mourguet, cette marionnette à gaine est inspirée des personnages stéréotypés de la commedia dell&rsquo;arte, tel que Polichinelle par exemple. À l&rsquo;image de ce personnage du répertoire italien, Guignol permet à Mathis Collins d&rsquo;évoquer son double personnage d&rsquo; « artiste policier ». À la fois naïf et malin, Guignol est avant tout caractérisé par l&rsquo;ironie et l&rsquo;humour, pour lequels les fameux coups de bâton – <em>slapstick</em> – sont une figure récurrente. L&rsquo;œuvre <em>Artiste policier et le Guignol&rsquo;s Band</em> (2020) met en scène ce genre de farces. Par métonymie, Guignol désigne plus largement le théâtre comique dont il est le personnage principal, avec Gnafron et Madelon. Si le rire est central dans les pièces de Guignol, la portée de son propos n&rsquo;en est pas moins politique. Figures au parler populaire, les situations jouées s&rsquo;inspirent souvent de l&rsquo;actualité et dénoncent des injustices sociales.</p>

Contourner la censure royale, faire parler des marionnettes

Pour son exposition Mime, Mathis Collins s’est intéressé à la naissance des arts forains et à l’histoire du théâtre de rue, dont le théâtre de marionnettes fait partie. Les œuvres Artiste policier quittant Paris, Artiste policier et le Guignol’s Band et Artiste policier contre Poulbot (2020) font tout particulièrement écho à ce genre théâtral populaire.

  • Le théâtre de marionnettes

C’est notamment suite à la censure décrétée par Louis XIV en 1680 que cette forme de théâtre va se développer. Les troupes de théâtre de rue n’ont plus le droit de dialoguer en français sur scène ; le monopole est confié à la Comédie-Française. C’est ainsi que le théâtre de marionnettes apparaît comme un moyen de contourner cet interdit et de continuer à jouer. Afin de maintenir leur identité secrète, les comédien.ne.s vont actionner à la main ces figurines, à fils, à gaine ou à tige, sans montrer leur visage. Les marionnettes représentent des figures humaines ou animales et portent la voix des acteur.trice.s qui n’ont plus le droit de s’exprimer ouvertement. Théâtre du registre comique, les marionnettes sont le reflet grotesque de personnages connus, tels que des Seigneurs, des évêques, etc. Le spectacle se déroule souvent dans un castelet, élément de décor de théâtre miniature qui permet au.à la comédien.ne de se cacher. Cette structure a également l’avantage d’être mobile : les acteur.trice.s peuvent déguerpir sitôt le signal donné, castelet sous le bras et marionnettes en main. On retrouve cette image dans l’œuvre de Mathis Collins, Artiste policier quittant Paris (2020).

Au XVIIe et dans la première moitié du XVIIIe siècle, des spectacles de marionnettes sont joués à Paris, dans les foires annuelles de Saint-Germain et de Saint-Laurent. Un marionnettiste connu, Pierre Datelin, dit Jean Brioché, importe en France le personnage de Polichinelle et présente ses spectacles sur le pont Neuf. Parmi les pièces jouées, on retrouve des parodies d’opéras où des marionnettes en costumes miment l’action, tandis que des chanteurs, soutenus par quelques instruments, parodient les livrets sur des refrains populaires, alternant allusions grivoises, jeux de mots et humour décalé.

  • La marionnette Guignol

Au XIXe siècle le théâtre de marionnettes connaît un nouveau succès en France grâce au personnage Guignol. Créée à Lyon vers 1808 par Laurent Mourguet, cette marionnette à gaine est inspirée des personnages stéréotypés de la commedia dell’arte, tel que Polichinelle par exemple. À l’image de ce personnage du répertoire italien, Guignol permet à Mathis Collins d’évoquer son double personnage d’ « artiste policier ». À la fois naïf et malin, Guignol est avant tout caractérisé par l’ironie et l’humour, pour lequels les fameux coups de bâton – slapstick – sont une figure récurrente. L’œuvre Artiste policier et le Guignol’s Band (2020) met en scène ce genre de farces. Par métonymie, Guignol désigne plus largement le théâtre comique dont il est le personnage principal, avec Gnafron et Madelon. Si le rire est central dans les pièces de Guignol, la portée de son propos n’en est pas moins politique. Figures au parler populaire, les situations jouées s’inspirent souvent de l’actualité et dénoncent des injustices sociales.

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