id | Integer 16079 |
date | String 2020-10-07 15:23:47 |
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title | String Le bicorne et la cocarde |
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Le bicorne, couvre-chef à deux pointes, est très présent dans l’iconographie de Mathis Collins. Dans la série de tableaux <em>Mime</em>, il se représente lui-même sous les traits d'un artiste-policier coiffé d'un bicorne.
<ul>
<li><strong>La petite histoire du bicorne</strong></li>
</ul>
Originellement conçu comme un chapeau équestre, l’histoire du bicorne est liée à des enjeux politiques. Au XVIIIe siècle il est le couvre-chef masculin standard et remplace le tricorne. Avant d’être largement associé à l’image de Napoléon Ier et au régime napoléonien, l’usage du bicorne a été institué pendant la Révolution française, arboré d’une cocarde. À la différence de l’usage, le chapeau est porté avec l’une des cornes en avant. Le port en bataille, c’est-à-dire en parallèle des épaules, sera adopté par la suite. Encore aujourd’hui le bicorne fait partie de l’uniforme des officiers dans de nombreux pays. En France il est notamment porté par les élèves de l’École polytechnique, mais aussi par les membres de l'Académie française. Le bicorne est un élément représentatif de l'autorité de l'Etat – dans les institutions militaires ou celles chargées de définir la langue française.
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<ul>
<li><strong>Des cocardes aux jeux de massacre</strong></li>
</ul>
La cocarde<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a> est un disque d’étoffe plissée. Portée à la coiffe des soldats, elle arbore les trois couleurs de la République française ; bleu, blanc, rouge. L’origine de cet insigne remonte aux prémices de la Révolution française, elle est adoptée dès les premiers jours de juillet 1789. La cocarde est tout d’abord de couleur verte<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, puis rouge et bleue - les couleurs de la ville de Paris - et enfin tricolore avec l’apparition du blanc - symbole de la Nation et/ou de la royauté. Sous l’Empire, le blanc se trouve à l’extérieur. Il sera placé entre le bleu (au centre) et le rouge (à l’extérieur) définitivement en 1812 ; ordre qui correspond à la cocarde actuelle.
Dans la série de tableaux <em>Mime</em> de Mathis Collins, la cocarde est un motif récurrent. Elle est disposée sur les bicornes et à des endroits où pourrait figurer du texte (papier, phylactère, affiche, etc.). Mathis Collins joue sur l’ambiguïté de la cocarde, dont la forme circulaire composée d’anneaux successifs évoque celle des cibles tricolores dans les stands de tirs des fêtes foraines. L'artiste joue avec la disposition de la cocarde – tantôt en arrière-plan du personnage central, sur lui-même ou encore dans sa bouche. Ce signe est pour l'artiste le symbole de la citoyenneté et de l'Etat.
Dans <em>Artiste policier mime </em>(2020), le personnage évoque la forme d’une tête de passe-boule, un jeu dans lequel on doit lancer une boule dans la bouche démesurément grande d’un personnage. Ce geste suggère la volonté de faire taire ce dernier – ce qui peut faire ici écho à la censure des troupes de théâtre de rue mise en place sous Louis XIV. Sous une autre forme, on retrouve un système de jeu de massacre dans <em>Bicornes (stand de tir</em>) (2020). Les cocardes, actionnées par un mécanisme, tournent derrière les bicornes, attendant d’être les cibles de joueur.se.s éventuel.le.s.
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<ul>
<li><strong>Le bicorne de Polichinelle</strong></li>
</ul>
Pour <em>Mime</em>, Mathis Collins choisit de se représenter en artiste policier. Il joue sur l'ambivalence de son alter-ego en l'associant à la figure de Polichinelle, un personnage querelleur de la commedia dell'arte, toujours coiffé d'un bicorne dans les pièces du théâtre de rue au XVIIe siècle. Dans le tableau <em>Artiste policier danseur de corde</em> (2020), il apparait le ventre rond, le nez crochu avec son chapeau. Polichinelle est celui qui ouvrait le carnaval – un espace de fêtes et de liberté, mais il était également celui chargé par le pouvoir, de le clôturer.
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<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-admin/post.php?post=16079&action=edit#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Cocarde, dérivé de « coq » avec le suffixe –ard. « Coquarde » signifiant au XVe siècle « […]coiffe ornée de plumes de coq ou de rubans ressemblant à une crête de coq redressée. » (<em>Speculum des pecheurs</em>, ap. Ler. De Lincy, Femmes célèbres de l’anc. France, p.518).
<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-admin/post.php?post=16079&action=edit#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Renvoyant au geste du journaliste Camille Desmoulin qui aurait cueillit une feuille verte pour la placer comme cocarde.
Le bicorne, couvre-chef à deux pointes, est très présent dans l’iconographie de Mathis Collins. Dans la série de tableaux Mime, il se représente lui-même sous les traits d'un artiste-policier coiffé d'un bicorne.
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<p>Le bicorne, couvre-chef à deux pointes, est très présent dans l’iconographie de Mathis Collins. Dans la série de tableaux <em>Mime</em>, il se représente lui-même sous les traits d’un artiste-policier coiffé d’un bicorne.</p>
<ul>
<li><strong>La petite histoire du bicorne</strong></li>
</ul>
<p>Originellement conçu comme un chapeau équestre, l’histoire du bicorne est liée à des enjeux politiques. Au XVIIIe siècle il est le couvre-chef masculin standard et remplace le tricorne. Avant d’être largement associé à l’image de Napoléon Ier et au régime napoléonien, l’usage du bicorne a été institué pendant la Révolution française, arboré d’une cocarde. À la différence de l’usage, le chapeau est porté avec l’une des cornes en avant. Le port en bataille, c’est-à-dire en parallèle des épaules, sera adopté par la suite. Encore aujourd’hui le bicorne fait partie de l’uniforme des officiers dans de nombreux pays. En France il est notamment porté par les élèves de l’École polytechnique, mais aussi par les membres de l’Académie française. Le bicorne est un élément représentatif de l’autorité de l’Etat – dans les institutions militaires ou celles chargées de définir la langue française.</p>
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<ul>
<li><strong>Des cocardes aux jeux de massacre</strong></li>
</ul>
<p>La cocarde<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a> est un disque d’étoffe plissée. Portée à la coiffe des soldats, elle arbore les trois couleurs de la République française ; bleu, blanc, rouge. L’origine de cet insigne remonte aux prémices de la Révolution française, elle est adoptée dès les premiers jours de juillet 1789. La cocarde est tout d’abord de couleur verte<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>, puis rouge et bleue – les couleurs de la ville de Paris – et enfin tricolore avec l’apparition du blanc – symbole de la Nation et/ou de la royauté. Sous l’Empire, le blanc se trouve à l’extérieur. Il sera placé entre le bleu (au centre) et le rouge (à l’extérieur) définitivement en 1812 ; ordre qui correspond à la cocarde actuelle.</p>
<p>Dans la série de tableaux <em>Mime</em> de Mathis Collins, la cocarde est un motif récurrent. Elle est disposée sur les bicornes et à des endroits où pourrait figurer du texte (papier, phylactère, affiche, etc.). Mathis Collins joue sur l’ambiguïté de la cocarde, dont la forme circulaire composée d’anneaux successifs évoque celle des cibles tricolores dans les stands de tirs des fêtes foraines. L’artiste joue avec la disposition de la cocarde – tantôt en arrière-plan du personnage central, sur lui-même ou encore dans sa bouche. Ce signe est pour l’artiste le symbole de la citoyenneté et de l’Etat.</p>
<p>Dans <em>Artiste policier mime </em>(2020), le personnage évoque la forme d’une tête de passe-boule, un jeu dans lequel on doit lancer une boule dans la bouche démesurément grande d’un personnage. Ce geste suggère la volonté de faire taire ce dernier – ce qui peut faire ici écho à la censure des troupes de théâtre de rue mise en place sous Louis XIV. Sous une autre forme, on retrouve un système de jeu de massacre dans <em>Bicornes (stand de tir</em>) (2020). Les cocardes, actionnées par un mécanisme, tournent derrière les bicornes, attendant d’être les cibles de joueur.se.s éventuel.le.s.</p>
<div class="rgg-container" data-rgg-id="2"> <div class="rgg-imagegrid captions-title captions-effect-none " data-rgg-id="2">
<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Cocarde.png" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Cocarde tricolore" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Cocarde-300x300.png" data-ratio="1" data-height="300" data-width="300" aria-label="">
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<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/09/Military_surgeons_hat_France_1830-1880_Wellcome-1024x701.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Military_surgeons_hat_France_1830-1880_Wellcome-scaled" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/09/Military_surgeons_hat_France_1830-1880_Wellcome-300x205.jpg" data-ratio="1.4634146341463" data-height="205" data-width="300" aria-label="">
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<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Interior-sign-of-a-Parisian-pub_v1792.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Interior-sign-of-a-Parisian-pub_v1792" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Interior-sign-of-a-Parisian-pub_v1792-300x227.jpg" data-ratio="1.3215859030837" data-height="227" data-width="300" aria-label="">
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<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Gravure-passe-boules_1877.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Passe-boule, gravure de 1877" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/10/Gravure-passe-boules_1877-300x207.jpg" data-ratio="1.4492753623188" data-height="207" data-width="300" aria-label="">
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<ul>
<li><strong>Le bicorne de Polichinelle</strong></li>
</ul>
<p>Pour <em>Mime</em>, Mathis Collins choisit de se représenter en artiste policier. Il joue sur l’ambivalence de son alter-ego en l’associant à la figure de Polichinelle, un personnage querelleur de la commedia dell’arte, toujours coiffé d’un bicorne dans les pièces du théâtre de rue au XVIIe siècle. Dans le tableau <em>Artiste policier danseur de corde</em> (2020), il apparait le ventre rond, le nez crochu avec son chapeau. Polichinelle est celui qui ouvrait le carnaval – un espace de fêtes et de liberté, mais il était également celui chargé par le pouvoir, de le clôturer.</p>
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<a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/09/Polichinelle_by_Maurice_Sand_1820-783x1024.jpg" data-rel="rgg" rel="rgg" title="Polichinelle_by_Maurice_Sand_1820" class="rgg-simplelightbox size-medium rgg-img" data-src="https://correspondances.la-criee.org/wp-content/uploads/2020/09/Polichinelle_by_Maurice_Sand_1820-229x300.jpg" data-ratio="0.76333333333333" data-height="300" data-width="229" aria-label="">
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<p><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-admin/post.php?post=16079&action=edit#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Cocarde, dérivé de « coq » avec le suffixe –ard. « Coquarde » signifiant au XVe siècle « […]coiffe ornée de plumes de coq ou de rubans ressemblant à une crête de coq redressée. » (<em>Speculum des pecheurs</em>, ap. Ler. De Lincy, Femmes célèbres de l’anc. France, p.518).</p>
<p><a href="https://correspondances.la-criee.org/wp-admin/post.php?post=16079&action=edit#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Renvoyant au geste du journaliste Camille Desmoulin qui aurait cueillit une feuille verte pour la placer comme cocarde.</p>
Le bicorne, couvre-chef à deux pointes, est très présent dans l’iconographie de Mathis Collins. Dans la série de tableaux Mime, il se représente lui-même sous les traits d’un artiste-policier coiffé d’un bicorne.
Originellement conçu comme un chapeau équestre, l’histoire du bicorne est liée à des enjeux politiques. Au XVIIIe siècle il est le couvre-chef masculin standard et remplace le tricorne. Avant d’être largement associé à l’image de Napoléon Ier et au régime napoléonien, l’usage du bicorne a été institué pendant la Révolution française, arboré d’une cocarde. À la différence de l’usage, le chapeau est porté avec l’une des cornes en avant. Le port en bataille, c’est-à-dire en parallèle des épaules, sera adopté par la suite. Encore aujourd’hui le bicorne fait partie de l’uniforme des officiers dans de nombreux pays. En France il est notamment porté par les élèves de l’École polytechnique, mais aussi par les membres de l’Académie française. Le bicorne est un élément représentatif de l’autorité de l’Etat – dans les institutions militaires ou celles chargées de définir la langue française.
La cocarde[1] est un disque d’étoffe plissée. Portée à la coiffe des soldats, elle arbore les trois couleurs de la République française ; bleu, blanc, rouge. L’origine de cet insigne remonte aux prémices de la Révolution française, elle est adoptée dès les premiers jours de juillet 1789. La cocarde est tout d’abord de couleur verte[2], puis rouge et bleue – les couleurs de la ville de Paris – et enfin tricolore avec l’apparition du blanc – symbole de la Nation et/ou de la royauté. Sous l’Empire, le blanc se trouve à l’extérieur. Il sera placé entre le bleu (au centre) et le rouge (à l’extérieur) définitivement en 1812 ; ordre qui correspond à la cocarde actuelle. Dans la série de tableaux Mime de Mathis Collins, la cocarde est un motif récurrent. Elle est disposée sur les bicornes et à des endroits où pourrait figurer du texte (papier, phylactère, affiche, etc.). Mathis Collins joue sur l’ambiguïté de la cocarde, dont la forme circulaire composée d’anneaux successifs évoque celle des cibles tricolores dans les stands de tirs des fêtes foraines. L’artiste joue avec la disposition de la cocarde – tantôt en arrière-plan du personnage central, sur lui-même ou encore dans sa bouche. Ce signe est pour l’artiste le symbole de la citoyenneté et de l’Etat. Dans Artiste policier mime (2020), le personnage évoque la forme d’une tête de passe-boule, un jeu dans lequel on doit lancer une boule dans la bouche démesurément grande d’un personnage. Ce geste suggère la volonté de faire taire ce dernier – ce qui peut faire ici écho à la censure des troupes de théâtre de rue mise en place sous Louis XIV. Sous une autre forme, on retrouve un système de jeu de massacre dans Bicornes (stand de tir) (2020). Les cocardes, actionnées par un mécanisme, tournent derrière les bicornes, attendant d’être les cibles de joueur.se.s éventuel.le.s.
Pour Mime, Mathis Collins choisit de se représenter en artiste policier. Il joue sur l’ambivalence de son alter-ego en l’associant à la figure de Polichinelle, un personnage querelleur de la commedia dell’arte, toujours coiffé d’un bicorne dans les pièces du théâtre de rue au XVIIe siècle. Dans le tableau Artiste policier danseur de corde (2020), il apparait le ventre rond, le nez crochu avec son chapeau. Polichinelle est celui qui ouvrait le carnaval – un espace de fêtes et de liberté, mais il était également celui chargé par le pouvoir, de le clôturer. ___ [1] Cocarde, dérivé de « coq » avec le suffixe –ard. « Coquarde » signifiant au XVe siècle « […]coiffe ornée de plumes de coq ou de rubans ressemblant à une crête de coq redressée. » (Speculum des pecheurs, ap. Ler. De Lincy, Femmes célèbres de l’anc. France, p.518). [2] Renvoyant au geste du journaliste Camille Desmoulin qui aurait cueillit une feuille verte pour la placer comme cocarde. |
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